Presse

On parle de nous dans la presse régionale …

Des soins intensifs aux soins à domicile en région verviétoise

La crise Covid a été la goutte de trop pour Ioannis Liappis et Bernard Jost, infirmiers au CHR Verviers. Souffrant du fonctionnement du système hospitalier, ils ont décidé de lancer leur société de soins à domicile.
Le 30 septembre dernier, Ioannis Liappis et Bernard Jost quittaient leur poste d’infirmiers en soins intensifs au CHR Verviers après respectivement 10 et 27 ans d’ancienneté. Le lendemain, ils démarraient leur nouvelle activité, leur société de soins à domicile « Qualis Cura ». La cause de ce changement de vie ? Le fonctionnement du secteur hospitalier « en sous-financement chronique, en sous-effectifs et de moins en moins humain » qui ne correspondait plus à leur vision des soins à la personne. « La logique économique a pris le pas sur l’humain. Même si la volonté de bien faire est là, les moyens et le temps manquent souvent. C’est pour sortir de ce système que l’on a décidé de partir » lance d’emblée Bernard Jost, Welkenraedtois de 50 ans.
« Très vite en commençant à travailler, on se rend compte que le système est fait pour favoriser la rentabilité aux dépens des soins. En rentrant chez moi le soir, j’étais frustré, je ne me sentais plus utile », partage Ioannis Liappis de Sourbrodt. Le trentenaire insiste sur la pénibilité du métier exacerbée par des conditions de travail qui se dégradent. « C’est un métier magnifique, mais qui vous use tant sur le plan physique parce que l’on fait les matins, les après-midi, les nuits et les week-ends, que psychologique. Pour gérer des fins de vie et des cas compliqués, il faut savoir mettre une limite émotionnelle. Mais au bout de quelques années, vous ne trouvez pas la force de continuer. Le système impose un rythme qui est délétère physiquement et psychologiquement. Les certificats deviennent fréquents… Ce qui creuse le problème de sous-effectifs. Alors ceux qui restent doivent travailler encore plus et se retrouvent à leur tour en maladie ».
« La crise sanitaire a poussé les limites beaucoup trop loin »
Les deux collègues, devenus associés, décrivent ainsi un cercle vicieux et soulignent qu’ils n’ont aucun grief envers leur ancien employeur. L’hôpital subit la gestion politique désastreuse et le manque de moyens financiers et humains. Ainsi, ils pensent depuis longtemps à une porte de sortie. La crise sanitaire a finalement accéléré leur départ. « La crise sanitaire a poussé les limites beaucoup trop loin. Elle nous a mis la tête sous l’eau. Et cela a fait ouvrir les yeux à pas mal d’infirmiers », résume Bernard, qui développe : « Au début de la crise, Sciensano demandait au personnel ayant des symptômes Covid de venir travailler pour empêcher  l’effondrement du système menacé par la pénurie ».
Un mal-être qui n’a fait qu’augmenter au fil des vagues, selon eux, alors qu’aucune décision d’envergure n’était prise pour traiter le problème à la racine. « Il y a un an, les gens nous applaudissaient, les politiciens passaient dans les hôpitaux. Aujourd’hui, on n’a déjà plus de soutien ».
Ainsi, pour loannis et Bernard, cet été, la question de partir du milieu hospitalier ne se posait même plus, l’interrogation était plutôt de savoir « quel challenge relever pour retrouver la motivation ? « .
Avec Qualis Cura, les infirmiers veulent soigner les patients en prenant à nouveau le temps. 
La porte de sortie de Ioannis Liappis et Bernard Jost a finalement été les soins à domicile dans la région de Welkenraedt avec leur propre société « Qualis Cura ». Comme le nom latin l’indique « soins de qualité », leur souhait est de faire profiter les patients, de plus en plus vite de retour à domicile, de leurs 37 années d’expérience cumulées.
« On veut reprendre le temps de faire les chose bien. On veut offrir des soins de qualité au niveau technique, mais aussi humain. On ne soigne pas mal dans les hôpitaux, mais, malgré l’envie de bien faire, le temps et les moyens humains ne permettent plus d’être toujours optimal », indique loannis. Bernard complète :  » On s’occupe de personnes très isolées pour lesquelles le fait que l’on discute un peu avec en passant est très important. On est parfois le rayon de soleil de leur journée ».
En opposition à l’adrénaline et aux grands traumas qui les avaient attirés vers les soins intensifs, c’est un nouvel aspect du métier que le duo découvre. « On a un vécu très technique de l’hospitalier qui ne se retrouve pas à domicile. On va où personne ne nous aurait imaginés. C’est un grand écart professionnel. Et même si les soins à domicile se sont imposés à nous comme une évidence, ce n’est pas facile. On se retrouve dans l’intimité des gens, on voit parfois la précarité et plus souvent qu’on ne croit.. Ça, on s’en rend moins compte à l’hôpital ».
Ce contact humain, le fait de pouvoir ressentir la satisfaction du patient, les comble.
Les infirmiers disent ainsi ne pas regretter leur choix et avoir retrouvé un épanouissement professionnel.
Vers l’article du journal « L’Avenir »